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Films

documentaires

12 O’Clock Boys

Pug, the Pack & the Bird

Mugen le druide, le 18 mars 2016

Un documentaire touchant sur le fameux gang de motards de Baltimore.

Après avoir vu le trailer, difficile de ne pas vouloir jeter un œil curieux sur ce documentaire. Parce qu’il parle de Baltimore, sans doute. Ceux qui connaissent la ville à travers la série The Wire auront forcément envie de replonger dans les rues de la ville iconique du Maryland, mais ce n’est pas la seule raison. Pour être bon, un documentaire doit intégrer dans sa recette trois ingrédients : de belles images, des personnages attachants et surtout un point de vue. Et Lofty Nathan, le jeune réalisateur de ce 12 O’Clock Boys (2014) a produit là un projet qui rassemble ces trois qualités.

Druid Hill Park - North Baltimore

On découvre durant plus d’une heure ce véritable gang à travers le regard d’un enfant qui n’a d’yeux que pour ses aînés en motocross, Pug. Impossible de ne pas repenser à Walace en voyant ses tresses. Ce petit bonhomme est aussi la voix narrative de ce film : une très bonne idée tant ce gosse est attachant. Intelligent, malicieux et plein de vie, on découvre en suivant ses pas un bout de la vie de ses quartiers que tout le monde fuit et ont découvre ce qui est devenue presque une sous-culture a cet endroit du globe : les dirt bikes.

12 O’Clock est donc le nom de cette grande famille qui terrorise le centre-ville de Baltimore. Des jeunes noirs assis sur des motocross ou des gros quads, qui passent leurs journées à rouler sur la roue arrière et à filmer leurs exploits. Comme des chorégraphies sauvages, bruyantes certes, mais pas tout à fait illégale. Et puis finalement, il n’y a pas tellement d’autres choses a foutre d’intéressant de ce côté la de la ville, sauf si vous voulez vendre de la poudre ou mettre des filles sur le trottoir.

Just sit back, look casual...

Comme dans toutes les histoire pour enfants, il y a un grand monstre, un héros et une princesse. Le héros c’est the pack et tout ses grands chevaliers a motos. C’est ce convoi sauvage qui nait et meurs tout les dimanches dans les rues de Baltimore, synonyme aussi d’une accalmie éphémère entre les quartiers est et ouest de la ville. Depuis leurs plus jeunes âge, ces gamins chassent the pack comme on chasse une chimère. Pour le voir défiler, l’entendre, en rêvant un jour d’avoir le privilège de l’intégrer. L’ironie du sort, c’est que ce pack est lui aussi chassé, par un monstre encore plus gros : l’état, incarné par the bird.

L’oiseau haut dans le ciel, c’est cet hélicoptère noir de la police de Baltimore qui scrutent sans cesse ceux qui fourmillent dans les rues et les pourchassent. Puisque les brigades au sol n’ont officiellement pas le droit d’engager de poursuite avec les motocross pour des questions de sécurité, la mairie a décidé d’investir dans la surveillance et la traque. Rien ne change, les gentils contre les méchants, les lois américaines et leurs applications douteuses et ce qu’elles génèrent comme problèmes dans les rues : accidents mortels, bavures dissimulés et toutes les confrontations qui en découlent. Et ici ont a les avis des premiers concernés. L’officier Lemon, ancien officier de la police, Superman et Steven : le support player qui aide ses amis a entretenir leurs motos et prend sous son aile les petits aux dents longues.

A y regarder de plus près, ces pions on un rôle semblable dans la partie mais ne sont pas du même coté de l’échiquier. Que ce soit la famille de Pug, Coco et Tibba, les membres des 12 O’Clock Boys ou les autres personnages qu’on aperçoit durant le film, ils méritent tous une attention particulière et il faut reconnaître que le montage, la bande son et les images sont souvent très bien choisis et rendent certains passages presque harmonieux.

The Wire with wheelies

Finalement ce grand oiseau finira tatoué sur le bras de ce petit sauvageons de Pug. Dans cette Amérique on a de l’encre sur la peau a 10 ans, un grillz a 13 et un YZ a 16. Le tableau de la misère sociale est bien la, flottant comme un spectre au dessus de toutes ces vies. Des jeunes mères esseulés, des enterrements et des embrouilles a chaque corner contrastent avec ces gosses en Polo Ralph, qui regardent des VHS et connaissent les noms de leurs idoles par cœur, comme des fans de NBA. Lofty Nathan a le mérite d’assumer son point de vue : il à filmé pendant presque trois ans avant de pouvoir nous raconter cette belle histoire. It’s something you love, you’re gonna do it anyway...

Précédemment publié sur le défunt blog de La Caverne de Mugen.