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Musique

John et Alan Lomax : Afro-American Spirituals

Dirt Noze, le 30 août 2010

John Lomax et son fils Alan Lomax, deux musicologues et folkloristes américains des années 30, sillonnaient les routes de cette Amérique rurale, missionnés par la Bibliothèque du Congrès, pour enregistrer, avec un matériel rudimentaire stocké dans le coffre de leur voiture, les restes du folklore local qui allait être balayé par la radio et le disque. Ces enregistrements allaient donner naissance à une série de compilations qui parurent sur le label Rounder Records.

Le materiel des Lomax

Les deux compères auraient, aux cours de leurs voyages, découverts et lancés, Leadbelly,et Woody Guthrie et même, plus tard, Muddy Waters.

John et Alan Lomax, enregistrent ainsi les derniers souffles de la musique des esclaves noirs-américains dont la puissance, l’éclat et l’énergie allaient donner naissance à toute la musique populaire occidentale moderne : Les Afro-American Spirituals.

Des enregistrements souvent a capella, enregistrés le soir sous le porche, dans la salle à manger ou dans les cours des prisons, qui témoignent de la richesse de cette musique au langage codé.

Afro-American Spirituals, Work Songs, and Ballads

Message codé

"Seuls les spirituals offraient aux esclaves la possibilité de rêver. Ils ont mêlé le rythme venu d’Afrique aux cantiques appris des Blancs pour exprimer leur douleur, mais aussi pour exorciser leur condition, voir chanter leur prochaine liberté. Car les spirituals véhiculaient souvent un message codé, allant parfois jusqu’à indiquer les moyens de s’échapper. Bien peu ont été décryptés. Depuis, comme l’avait annoncé Dvorak, ils ont été la principale source d’inspiration des divers courants de la musique américaine, blues, jazz, rock, et jusqu’au rap."

Robert Darden - People Get Ready ! (Via la revue Books)

En 1903, déjà, le poète afro-américain W.E.B. Du Bois écrivait :

"L’Amérique a donné peu de beauté au monde, n’était l’insolente splendeur que Dieu lui-même à apposée en son sein ; dans ce nouveau monde, l’esprit humain a employé, pour s’exprimer, la vigueur et l’ingéniosité plutôt que la beauté. Le hasard a donc voulu que le chant noir traditionnel - le cri rythmique de l’esclave - ne représente pas seulement aujourd’hui l’unique musique américaine existante, mais aussi la plus belle expression de l’expérience humaine vécue de ce côté-ci de l’océan. On l’a ignorée, on l’a à moitié méprisé et, par dessous tout, on l’a sans cesse mal interprétée et mal comprise, mais cela reste néanmoins le seul héritage spirituel du pays et le plus grand apport du peuple noir."

W.E.B. Du Bois (Via la revue Books)