Lady Snowblood - Koike et Kamura
L’enfant de la vengeance
, le 29 décembre 2010
Enfantée en prison où elle fut conçue sciemment avec un geôlier dans le but de venger post mortem sa mère alors mourante, Lady Snowblood deviendra un tueur à gage redoutable, elle découpera avec panache des hordes de proxénètes et autres yakuzas du japon de l’ère Meiji [1] et répendra des litres de sang tout au long de sa vie d’assassin. Jusqu’à l’accomplissement de sa mission, sa seule raison d’exister : la vengeance de sa mère.
Certaines planches, notamment les séquences de combat et de meurtre sont tout simplement magnifiques et les textes peuvent être également très poétiques. L’intrigue, comme dans beaucoup de mangas des années 70, en profite pour nous donner de très intéressants cours d’Histoire sur cette période très particulière du japon, où traditions ancestrales se retrouvaient confrontée à la culture et la science occidentale.
Ce chef-d’oeuvre du manga pour adultes des années 70, époque faste pour le genre, a été édité, en français, par Kana en trois volumes. Les 2 premiers, où l’on suit les aventures de Lady Snowblood sous formes d’épisodes indépendants qui forment au final une seule et même histoire, celle de la vengeance de la Lady, sont vraiment excellentissimes. Je trouve le troisième tome, intitulé "Épilogue" et qui reprend l’intrigue après la vengeance ultime et tire un peu sur la corde en ajoutant des péripéties plutôt limites [2], un peu plus faible. Autant s’arrêter à la fin du tome 2 qui clôture magistralement la trame principale !
Lady Snowblood c’est également l’enfant issue de l’association de deux grands noms du manga : Kazuo Koike et Kazuo Kamimura. Koike est le scénariste de toute une floppée de chefs d’oeuvres du manga comme Lone Wolf and Cub (alias Baby Cart) ou Crying freeman. Kamimura est de son côté un grand dessinateur qui s’est forgé un style en s’inspirant des estampes Ukiyo-e tout en l’associant au style gekiga de l’époque. Il était plutôt spécialisé dans les romances quand Koike lui proposa, en 1972 à la suite d’une grosse cuite, l’histoire de la belle et cruelle tueuse.
Le manga de Lady Snowblood fut adapté en une série de films cultes dans les années 70 qui inspireront Tarantino, notamment pour son particulièrement médiocre [3] Kill Bill où il ira jusqu’à enroler la comédienne Meiko Keiji qui interprétait sur les écrans japonais la sublime vengeresse.
Bonne lecture !
[1] Grosso modo la deuxième moitié du 19ème siècle, où le japon commence à subir une influence occidentale forte et voit son système de castes disparaitre petit à petit
[2] Une curieuse histoire de "gymnastique suédoise" légèrement soporifique. En effet, après avoir réglé ses comptes, notre héroïne devient professeur de gymnastique suédoise, étant persuadée que cette pratique permettrait à la nation japonaise de devenir plus saine, plus grande et plus forte. C’était sans compter sur les groupuscules traditionnalistes réactionnaires prêts à tout et bien décidés à tuer dans l’oeuf cette entreprise diabolique fomentée, c’est sûr, par l’occident afin d’anéantir la culture japonaise... 8-o
[3] Il s’agit ici d’un avis très objectif bien sûr.