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Films

The Hell of It : Rubber

Dirt Noze, le 23 novembre 2010

Une fine annalyse de Rubber par Mariaque sur son blog : The Hell Of It

Le piège, bien sûr, avec un truc comme Rubber, c’est le théorique ; les limites, celles du dispositif, de l’exercice de style. Selon qu’on est plus ou moins bienveillant à l’égard de la gommeuse chose y sera-t-on sensible ou moins.

Dupieux, le réalisateur de ce film sur "un pneu serial killer observé au travers de jumelles par une poignée de spectateurs perdus dans un désert", en est vraisemblablement bien conscient. Inquiet des étiquettes qui au nez lui pendent, il prend les devants : "le mot liberté c’est aussi con qu’artiste", prévient-il, écartant d’un revers de mains une palanquée de gros mots et autres qualificatifs dont on serait tenté d’user pour dire et définir Rubber (et dont ofni n’est pas le moins agaçant).

On ne l’embêtera pas avec ça.

Nous, notre dada autour de son cinéma, c’est la culture évidente du cinéma d’horreur nord américain que nous croyons y débusquer. Steak déjà nous avait occasionné une certaine sensation cronenbergienne ; ici, avec toutes ces têtes qui explosent à la Scanners, on croit tenir un truc décidément. Les motifs de l’horrible cinéma américain de route nomanslandesques sont en outre tous au rendez-vous : gas stations, motels, ..., et les objets cultes itou : téloches, showers et téléphones, chacun ayant sa séquence ou presque... Raccourcisons, allez ! : Rubber c’est Duel meets Psycho sous le synthé de Carpenter !*

Magnifiquement photographié (et on ne pourrait mieux dire !), découpé avec la même rigueur que celle mise en place dans Steak (exit les poncifs champs/contre-champs et consorts) Rubber jouit par ailleurs d’un rythme absurdement hypnotique dans sa lenteur et son répétitif, et se pose avec provocation sur la ligne séparant l’expérimental poétique et le potache prétentieux.

Bardé d’images et d’imageries, le second long de Dupieux ne cause pas beaucoup. Mais lorsqu’il le fait, il devient alors très bavard (personnages s’épanchant, déblatérant, théorisant (le discours "no reason")), jusqu’à l’artificialité la plus parfaite des différents discours cinématographiques (le texte que doit dire la jeune Sheila pour piéger le pneu a, par exemple, tout de l’excessive norme de la stupide et hyperbolique rhétorique pornographique), et pousse là aussi (en plus d’une ahurissante mise en abyme spectatorielle, aussi symbolique que le dispositif d’un Projet Blair Witch !**) l’absurde jusqu’à ses derniers retranchements.

Rien de commun avec le tout venant du cinéma français en somme...
mais sont-ils franchement français les trois meilleurs films hexagonaux de 2010 (tous roadmovesques, tiens ?!) : Mammuth, Tournée et Rubber ?
Quentin Dupieux (2010)

NB : QD en mode "si le Cinéma n’est pas mort, le Genre oui", .

* la BO du film, à tout le moins son thème final Tricycle Express rappelle
certains thèmes entêtants et minimalistes de Big John.
Le même Big John qui réalisa Christine, bien sûr !

** résumable en un "n’existe, n’est réel que ce qui est à l’image,
ce qui est vu par le public,
le hors éclairage, le hors champ c’est le néant".

http://eightdayzaweek.blogspot.com/...